le 27 mars à Dieppe (festival Visu). Durée : 1 h 20.
lire l'article original
Poèmes de JV et autres auteurs les blogs jyvais
L'arbre lance sa flamme haute
et son superbe jaune d'or
étincelle dans le jour gris
parure baroque, isolée.
Prodigieux élan de couleur,
si dru,
si cru,
si appuyé
qu'il se signale à l'attention
de façon presque
tapageuse.
Ni trop pâle ni trop foncé
jaune absolu
sans compromis
jaune épais, digne d'un tableau,
jaune resplendissant,
violent.
L'arbre se veut contraste aigu,
dernier défi arrogant
de vie bientôt mise en sommeil.
L'arbre est tout seul, autour de lui
les teintes sont devenues
ternes,
elles ont baissé pavillon;
fondues dans le même magma
flou, morne, elles ont renoncé
et parmi leur effacement
résigné
l'axe d'or ardent
continue de tonitruer,
de trompeter
sa différence !
Comment ne pas le saluer ?
Patricia Laranco.
POESIE ET ENGAGEMENT.
Qu’en est-il du rapport du poète avec les problèmes contemporains ?
Le poète peut-il se permettre encore de rester dans sa « tour d’ivoire », dans sa « bulle » ?
Dans le Tiers-Monde (en particulier, je pense à L’Amérique latine, mais aussi au monde arabe, que ce soit du Machrek ou du Maghreb, et à l’Afrique noire), poésie, littérature riment souvent, encore, avec engagement.
La poésie, dit-on fréquemment, est une affaire de CŒUR, d’humanisme. Elle a , en tout cas, partie liée avec la sensibilité, l’empathie.
Cependant, l’Occident enferme la poésie dans des « lieux d’élite » de plus en plus coupés du réel et de toutes les agonies humaines, dérangeantes. Dans des chapelles aseptisées, sur lesquelles la société est sensée ne pas avoir prise. Dans des sortes de « limbes » qui seraient le domaine propre – et intouchable - de la Poésie, hyper idéalisée (comme l’étaient les Idées de la caverne de Platon).
Depuis le surréalisme et l’après-guerre, la poésie européenne semble percevoir l’engagement comme une sorte de faiblesse, de détournement malvenu de l’idéal poétique. Est-ce l’effet d’une longue période de paix continentale et civile à l’échelle de chaque pays, de prospérité vouée à l’embourgeoisement des contrées, au raz-de-marée des classes moyennes repues ?
Le poète, dans le sillage de Rimbaud, ou d’Arthaud, clame souvent à qui veut l’entendre qu’il est, par excellence, un anarchiste, un révolté, un marginal, et une homme libre, donc un « pousseur de coups de gueule ». Les exemples abondent : retenons, en particulier, Jacques Simonomis. Pour Jacques Simonomis, la « marginalité » n’était pas que pause. Elle résultait d’une sincérité quasi « tripale » d’écorché vif.
Mais, pour un Simonomis à l’œil aiguisé, combien de poètes dont le confort de vie occidental, le ronron ont émoussé les réflexes ?
Depuis la chute du Mur de Berlin, l’on ne croit plus, en Occident, à l’engagement. Le « monde libre et démocratique », dans un accès d’autosatisfaction, s’est persuadé qu’il n’y a de salut qu’en le capitalisme.. Que le Tiers-Monde demeuré incompréhensible, l’avait déçu.
Et puis…il y a l’engluement, l’endormissement dans un style de vie protégé.
Après tout, l’Occident, l’Europe sont une sorte d’îlot de privilèges.
Hormis les « îles à vacances », on a appris à craindre le Tiers-Monde. Indifférence de l’individualisme exacerbé, crispation xénophobe ont joué de concert…comme quoi le poète est, comme tout un chacun, l’otage de sa société.
Que faire, à présent, pour sortir le poète d’occident de son confort bourgeois ? Que faire, pour qu’il se rende compte que sa conception de la poésie est un luxe ?
Suffirait-il de le balader – plus ou moins de force – dans les cités où le spectre de la pauvreté et son logique, indispensable corollaire, la colère, rôdent ? Suffirait-il à le contraindre à tomber nez à nez avec le S.D.F ou, sans aller si loin, le « nouveau pauvre » ?
Il faut être logique : tôt ou tard, la logique somme de choisir.
Soit l’on est un bourgeois, un nanti qui, en tant que tel, cherche à fuir tout « problème », un privilégié tenu loin de tout et se réfugiant (c’est commode ! ) dans les limbes de la poésie et des incantations pacifistes aseptisées et nébuleuses (c’est non moins commode !), soit l’on est un poète, un vrai, c’est à dire un poète de cœur. Un créatif. Qui bouscule l’Ordre. Un éternel adolescent en rupture de ban, assoiffé de justice et désireux, plus que tout, de « changer le monde », d’ « envoyer un coup de pied dans la fourmilière ».
Poètes, certes, sont Pablo Neruda, Aimé Césaire, ou Umar Timol*.
Poètes…parce l’exigence de style, sans le courage, les tripes, n’est pas grand chose.
Le 30/05/2008.
Patricia Laranco, poétesse et critique littéraire franco-mauricienne.
* Umar Timol est un poète mauricien, d’ascendance indo-mauricienne, qui dit ce qu’il a à dire.
Magicien. Ce n’est nullement un hasard si Arman Méliès s’est choisi, il y a déjà cinq ans, un nom d’artiste en forme de double hommage : Arman, pour l’excentrique peintre et sculpteur contemporain qui cassait des pianos avant de les coller sur des toiles de trois mètres sur quatre ; Méliès, pour le lunaire cinéaste pionnier, inventeur des premiers trucages. Car il y a un peu de tout cela dans les chansons d’Arman Méliès : un goût prononcé pour le fantasmagorique mélancolique et la féérie bizarre, une propension au romantisme étrange, à l’émotion irréelle.
On dit des Beach Boys qu’ils ont jadis inventé les symphonies de poche. C’est sans doute sur ces fondations-là qu’Arman a bâti peu à peu son œuvre, comme un puzzle harmonique aux pièces changeantes et sans cesse renouvelées, un collage de sons et de sens aux volutes aériennes. En deux albums, « Néons blancs et asphaltine » en 2004, puis, l’année d’après, « Les Tortures volontaires », Arman Méliès a imposé sa griffe sonore, à la fois onirique et cinématographique, ses textes aux détours altiers et lyriques, tout en suggestions baroques.
Pas étonnant que des artistes comme Dominique A ou Alain Bashung se soient entichés de ce curieux troubadour aux ardeurs exaltantes. Après avoir enregistré "Ivres" en duo avec l’auteur de « Osez Joséphine » (sur les "Tortures Volontaires") et l'avoir accompagné pour sa dernière tournée en date, Arman vient d’ailleurs d’écrire deux musiques de son prochain album. Décidemment, ces deux-là ne se quittent plus.
C’est fort de ces expériences enrichissantes qu’Arman Méliès propose aujourd’hui son troisième enregistrement studio. Sobrement intitulé « Casino », le disque, réalisé à Bruxelles par le fidèle Antoine Gaillet, renoue avec un format plus « chanson », tout en s’inscrivant dans une continuité artistique : on y retrouve l’univers Méliès, mais enrichi de cordes, cuivres, claviers, et batteries percutantes. Dix titres denses et drus, aux musiques et aux textes étroitement liés, comme un voyage dans l’imaginaire, ou une promenade nocturne sur la grève d’une station balnéaire abandonnée.
Sur la pochette du disque, illustrée comme d’habitude par le graphiste dadaïste Julien Pacaud, on voit des ballons rouges planant au-dessus d’un immeuble au futurisme rectiligne. C’est tout Arman Méliès, ça : un mélange de rêve et de rigueur, de fiction et de réalisme, de modernité et de classicisme. Dans le Casino d’Arman, il y a des tapis verts et des divas nostalgiques, des regrets et des espoirs, des soupirs et des sourires, de l’amour et du hasard. Le jeu de la vie.
Un poème de Loulou, quand elle avait 8 ans. Bonne lecture!
Je suis une femme,
une femme simple
simple de douleur
Je suis un homme,
un homme de fierté
de fierté bien cachée
Je viens d'ici où là bas ?
Que j'aime cette terre là
Ce jour ci, cette terre là
Je viens d'ici où là bas ?
Seul tu es parti,
tu voulais bouger
tu n'en pouvais plus
Seul toi pouvais comprendre
Les autres ne pouvaient pas
Ne voulaient pas comprendre
Nous étions de l'autre coté
Dans le noir, une barrière de blanc
Le noir, le rouge, le manque, l'amour
cela est pareil c'est vrai quelle différence ?
L'absence et le manque d'amour (du paternel)
Sujet : la poésie inspire-t-elle ?
Vous envisagerez la question du point de vue du poète ou celui du lecteur, et l'exposerez sous la forme de votre choix (texte ou image).
Les rebelles pourront constester le sujet.
Les laconiques pourront répondre par oui, non ou autre.
Les grossiers laconiques remplaceront autre par un mot à leur image.
Les pessimistes répondront à cette question : la poésie expire-t-elle?
Les angoissés : la poésie aspire-t-elle?
Les paranos : ...conspire-t-elle?
Et si la poésie ne t'inspire pas, silence! Et respire...