Jyvais sur le Web

11.4.06


À

Ecrire, être lu, ce désir m'a pris d'un coup. Aux personnes que j'aime, trop à leur dire. Dire des choses ciselées et choisies. Ne pas bavarder, écrire. Et toi, je te parle avec mes mains et je veux que tes yeux déchiffrent. Trop pressé, je m'emballe.

Mon roman vient avec lenteur. Et toi, je veux te donner à lire. Demain c'est bien tard, c'est ce soir que je voudrais et je n'ai rien d'autre dans mes placards que des fonds de bouteille.

Une lettre? C'est parfois plus fort que la tendresse des mains et des bouches, c'est trop à recevoir.Mais tes yeux sauront lire des mots à l'encre invisible, des phrases écrites au citron qui, par la chaleur, prennent la couleur du sang. Ni silence, ni clin d'oeil : je ne serai pas l'auteur du crime d'oubli ou du forfait de vulgaire connivence.

J'ai sorti des poèmes du carton, qu'importe quand je les ai écrits, je les donne pour ce qu'ils disent là.

Je ne mets pas les dates, les noms des filles, des villes ; je bouge des mots, j'en retranche, j'en trouve d'autres. Je les assemble selon le coeur et l'esprit du moment. Car j'ai quarante ans, je veux vivre, caresser, boire, chanter, gueuler. Qu'une nuit, par hasard, l'amour me saute dessus, peut-être. Le seul moyen c'est vivre, alors il faut.

Mais franchement j'ai trop peur de la mort pour faire un recueil de mes vieux textes, respectant la chronologie et fidèle aux mots d'hier : j'aurais l'impression de préparer un livre posthume et ça m'angoisserait.

JV

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